dimanche 26 octobre 2008

Monographie 1900: Instruction publique

En ce qui concerne l’histoire de l’instruction dans la commune de Mondeville, nous ne pourrons guère remonter au-delà de la révolution, n’ayant pu trouver de documents qui puissent nous renseigner à ce sujet.
Cependant, les personnes âgées que nous avons consultées nous ont donné l’assurance qu’une école existait dans la commune au 17è et au 18è siècle, elles nous ont même cité les noms de deux « maîtres d’école » de la seconde moitié de ce dernier siècle, un nommé Clopet( ?) , puis un sieur Delafosse. Nous avons en effet remarqué ces noms sur les registres des naissances, mariages, décès où ces maîtres sont souvent pris comme témoins et même nous avons constaté que, vers la fin du 17è siècle, les signatures deviennent plus nombreuses .
C’est ainsi que, sur un acte de mariage daté du 25 janvier 1688, nous en avons compté douze.
Ceci nous porte donc à croire qu’une école existait alors, mais il nous est impossible de donner aucune indication précise à cet égard.
La première délibération où il soit question d’école date du 29 avril 1702. Dans cette délibération, un sieur Etienne Lasnier est choisi pour maître d’école, et il y est dit : « Le maître sera tenu de commencer les écoles à huit heures et de sortir à 11 heures ; puis de 1heure jusqu’à 4 heures ; de sonner l’entrée de l’école et la sortie. »
Etienne Lasnier donna l’instruction chez lui où il tenait en même temps un petit commerce d’épicerie.
A la date du 30 septembre 1792, nous trouvons une seconde délibération dans laquelle l’assemblée municipale demande à ériger « une école pour l’instruction des enfants dans une grange en mauvais état où le curé mettait ci-devant ses dîmes et actuellement ne servant à rien » ; mais il ne fut pas donné suite au projet.
Notons en passant que peu après l’admission de Lasnier par la municipalité, un nommé Noguet ouvrit, par concurrence, dans un local lui appartenant, une autre école où il eut jusqu’à vingt élèves. Il mourut en 1811 et ne fut pas remplacé. Lasnier continua ses fonctions jusqu’en 1814 et eut pour successeur un sieur Colette qui n’exerça pas longtemps. Vint ensuite Etienne Trouvé qui reçut les enfants, non pas chez lui, mais dans une grange dont il dut payer le loyer.
Pau après, il acheta une maison et s’y installa ; mais comme l’espace était insuffisant et que la salle de classe était mal éclairée, il vendit cette maison et en acquit une plus spacieuse et exempte de communauté.
Etienne Trouvé passait pour un « bon maître d’école », selon l’expression des gens du pays. Il eut jusqu’à soixante élèves en hiver. Les enfants de Boigny (hameau de Baulne), des Roches et d’Artolut (hameaux de Videlles) fréquentèrent pendant longtemps son école. Il n’était pas greffier de la municipalité et ne tenait pas les registres de l’état civil. Il cessa ses fonctions en 1841 et fut remplacé par Louis Peschard, pourvu du brevet de capacité du 3è degré et qui resta à Mondeville jusqu’en 1847. A cette date, nouvelle délibération de la municipalité par laquelle Goerges Auguste Michaut, muni du brevet de capacité et précédemment instituteur à Brière-Les-Scellés, est admis comme « maître d’école » de la commune. Il démissionna en 1860.
Nous allons donner ci-dessous sans aucun commentaire , la liste des instituteurs qui se sont succédé depuis cette époque et qui ont été nommés par l’Administration supérieure, en indiquant la durée de leur séjour dans la localité.



Locaux.-
Nous avons dit plus haut qu’au début les maîtres recevaient les enfants chez eux. En indiquant les divers locaux qu’occupa successivement Etienne Trouvé, on serait tenté de croire que la municipalité resta longtemps étrangère à la question scolaire ; il n’en était pas ainsi. Une convention verbale existait certainement entre le maître et la commune, puisque chaque année nous voyons, à partir de 1820, inscrite au budget une somme de 50 francs sous ce titre « indemnité de logement à l’instituteur ». Nous pensons que la commune , ne trouvant pas alors de local propre à y installler une école, laissait l’instituteur libre d’enseigner là où il le jugeait à propos . Cette situation dura jusqu’en 1844.
Une première tentative d’achat d’un local pour établir une maison d’école eut lieu le 10 avril 1833 ; mais ce n’est que le 29 décembre 1839 que le Conseil municipal demanda l’autorisation d’acheter, pour y tenir l’école primaire , la maison d’un sieur Michaut alexandre. L’acquisition ne fut faite que le 9 septembre 1843, et en 1844, la maison acquise était transformée en maison d’école comprenant trois pièces pour l’instituteur et une salle de classe mesurant 115m2 . La dépense s’éleva à 6000 francs dont le tiers fut acquitté par l’état et les deux autres tiers par la commune.
L’étendue de la classe étant devenue insuffisante pour le nombre des élèves qui s’éleva jusqu’à 75 et même 80, la construction d’une nouvelle école fut décidée en principe le 18 juillet 1878. Le 22 février 1880, le Conseil approuva les plans et devis qui lui furent présentés ; mais les travaux n’étant pas encore commencés au mois d’octobre 1881, la commune fut mise en demeure, par lettre de Monsieur le Préfet en date du 18 dudit mois , de créer une école de filles, le population de Mondeville étant de plus de 400 âmes. Le 23 février 1882, la municipalité approuva les nouveaux plans et devis ; le 1er juin 1885 les écoles furent installés et Mondeville se vit doté d’une école de filles et d’une école de garçons.
Le devis s’élevait à 51416,29 francs ; l’Etat et le département sont venus en aide pour une somme de 39800 francs.
Placées au centre du village, ces écoles ne constituent qu’un seul corps de bâtiments, quoique les logements des maîtres et les classes soient complètement séparés.
Elles sont situées sur le point culminant de Mondeville et par ce fait dans l’endroit le plus sain et le plus aéré. Les classes, exposées au midi, sont éclairées par de larges fenêtres, donnant sur le plateau de la Coupe, d’où la vue est ravissante.

Traitement .-
Les maîtres n’eurent d’abord pour traitement que la rétribution payée par les parents. Dans la délibération du 29 avril 1992, nous lisons : « Le maître d’école sera tenu de sonner l’angelus le matin, midi et soir, de monter l’horloge en temps et heure ; la fabrique se charge de lui payer pour cela chaque année 96 livres », puis plus loin, « les habitants s’obligent de payer au dit maître d’école , pour « écrire » douze sols par mois et pour les « règles » dix huit sols , suivant l’usage du pays. »
Un peu plus tard, autre délibération concernant le traitement de l’instituteur. A cause de son originalité, nous croyons devoir la reproduire dans son entier, en en respectant l’orthographe et la rédaction : « ce jourd’huy vingt quatre messidor, l’an trois de la République française une et indivisible, la Commune générale de Mondeville asssemblé en la maison commune dudit Mondeville à l’effet d’accorder un traitement au citoyen Lasnier, instituteur de la ditte commune, ce que la commune a à l’instant délibéré de consert avec le dit Lasnier de cueiller l’herbre du cimetière de la ditte commune et entrer en jouissance à la Saint Martin 1795 et finire à pareil jour et la jouissance du jardin du cy devant presbitère sous les clauses et conditions que le dit Lasnier s’oblige de monter l’orloge de la commune et sonner les angelus les matins, midy et soir et commencer des ce jour et finire à pareil jour 1796 et si le dit Lasnier vient à quitter ses fonctions, qu’il sera payé sur le pied que la ditte herbe sera estimé ou vendu la récolte suivante. »
Etienne Trouvé se rendait chaque année, à l’époque de la Saint Martin, de maison en maison avec un sac pour recevoir un ou deux « boisseaux » de blé, suivant l’aisance des pères de famille ; de plus, tous les mois, les enfants lui apportaient en même temps que le prix de leur rétribution, un pain de quatre à cinq « livres ».
Ce n’est qu’en 1821, dans une délibération prise le 18 janvier, que nous constatons une première mention du traitement : « Le Conseil municipal et les dix contribuables des plus fort imposés ont été d’avis à l’unanimité de voter la somme de Cent francs pour servir de traitement au maître d’école pour 1821. »
Depuis, nous voyons chaque année cette somme figurer au budget jusqu’au 30 août 1833. Là, le Conseil fixe à 200 francs le traitement de l’instituteur et arrête ainsi le taux de la rétribution mensuelle : Abécédaire, 0,60 francs- Lecture, 0,90 francs- Lecture et écriture, 1,15 francs- Lecture, écriture et calcul , 1,35 francs.
Plus tard, ces chiffres furent modifiés et établis de la manière suivante : enfants au-dessous de six ans, 1,25 francs-enfants au-dessus de six ans, 1,75 francs.
L’école fut payante jusqu’à la loi du 28 mars 1882. Les élèves ayant toujours été assez nombreux, 75 en moyenne, le produit de la rétribution s’éleva jusquà 1136,75 francs, ce qui constituait, avec divers accessoires, un traitement suffisant pour le maître.
Actuellement, l’instituteur et l’institutrice, en dehors de leur traitement fixe, jouissent chacun d’un supplément de traitement de Deux cents francs.

Enseignement.-

Jusqu’à Etienne Trouvé inclusivement, les maîtres ne possédaient aucun titre de capacité. Cependant, ce dernier avait une instruction assez étendue ; il enseignait la lecture, l’écriture et le calcul, mais peu ou point d’orthographe. Après avoir déchiffré l’abécédaire et le livre commun à l’éoque intitulé « La civilité » , les enfants lisaient dans les manuscrits tels que contrats, conventions, baux écrits sur parchemin et que chacun était tenu d’apporter. Ceux qui écrivaient s’installaient autour d’une longue et large table placée au milieu de la classe, les garçons d’un côté et les filles de l’autre. En calcul, outre les quatre opérations, Etienne Trouvé enseignait les règles de trois, de société et donnait quelques notions d’arpentage.
Quant à ses successeurs, nous ne pouvons ni ne devons nous prononcer sur leurs qualités professionnelles ; nous nous permettrons seulement de signaler que Louis Peschard, quoique muni du brevet du 3è degré, paraissait avoir une instruction insuffisante, car les délibérations et les actes de l’Etat civil qu’il a rédigés contiennent d’assez nombreuses fautes d’orthographe.
Aujourd’hui, les élèves au nombre de 61 (28 filles et 33 garçons), sont divisés dans chaque école en trois cours : section enfantine, cours élémentaire et cours moyen.
Depuis 1882, 27 filles et 24 garçons ont obtenu le certificat d’études primaires, et c’est avec joie que nous voyons les anciens élèves de l’école du jour se joindre à leurs aînés pour fréquenter les cours d’adultes avec un louable empressement, et se préparer ainsi à devenir des agriculteurs intelligents et des citoyens éclairés.Elles sont situées sur le point culminant de Mondeville

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